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DOCTEUR EN SCIENCES POLITIQUES/ CHERCHEUR MOYEN-ORIENT/ CONSULTANT INTERNATIONAL/ INTERNATIONAL CONSULTANT

PAYS DU GOLFE LES DESSOUS D’UNE CRISE MONDIALE

Pays du Golfe - Les dessous d'une crise mondiale

 

Depuis l’été 2017, les pays du Golfe sont confrontés à une crise sans précédent : en rompant du jour au lendemain leurs relations diplomatiques avec le Qatar, accusé de soutenir l’Iran et de financer les organisations terroristes, l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Émirats arabes unis et l’Égypte ont fait voler en éclat l’apparente unité au sein du Conseil de coopération du Golfe.
Cette crise, tout d’abord régionale, est rapidement devenue mondiale, car elle implique désormais de nombreux acteurs extérieurs et cristallise de multiples lignes de fractures annonciatrices d’une possible nouvelle guerre froide.
En interrogeant les origines profondes de la crise, ses enjeux pour les pays du Golfe dans un contexte de nécessaire reconversion économique, de guerre au Yémen et de rivalité croissante entre Arabie saoudite et Iran, cet ouvrage souligne l’importance fondamentale d’une stabilité de la zone, non seulement pour le Moyen-Orient, mais aussi pour l’Europe et tout l’Occident.

https://www.armand-colin.com/pays-du-golfe-les-dessous-dune-crise-mondiale-9782200623982

 

IL NOUS RESTE LES MOTS de Georges Salines et Azdyne Amimour

Propos recueillis par Sébastien Boussois

Il nous reste les mots

« Ce dialogue inattendu avec un homme musulman, tolérant, et pourtant père de djihadiste, représentait une extraordinaire opportunité de montrer qu’il nous était possible de parler. Si un tel échange avait lieu entre nous, alors nous pouvions abattre les murs de méfiance, d’incompréhension, et parfois de haine, qui divisent nos sociétés. » Georges Salines.

« Aujourd’hui, c’est avant tout une histoire de confiance et d’amitié qui nous unit. Nous avons appris à nous apprécier, pour comprendre, ensemble, et prévenir. Nous avons remonté le temps, tissé le fil de nos vies et de celles de nos enfants. Pour qu’une telle horreur ne se répète jamais plus. » Azdyne Amimour.
Georges Salines a perdu sa fille Lola dans l’attentat du 13 novembre 2015 au Bataclan. Elle avait vingt-huit ans.
De sa rencontre avec Azdyne Amimour, père de l’un des assaillants, a émergé un dialogue inédit. Georges Salines porte la mémoire de sa fille et de nombreuses autres victimes, tandis qu’Azdyne Amimour cherche à comprendre comment son fils a pu commettre des actes qu’il condamne sans appel. Poussés par une curiosité mutuelle, tous deux se racontent et déroulent le récit de « leur » 13-Novembre.
Au fil de cette conversation, un profond respect est né entre ces deux pères que tout aurait pourtant dû opposer. Leur témoignage nourrit une réflexion apaisée sur la radicalisation, l’éducation et le deuil. Parce que s’il reste les mots, il reste aussi l’espoir.

https://www.lisez.com/livre-grand-format/il-nous-reste-les-mots/9782221243206

 

DAECH LA SUITE

À chaque nouvel attentat revendiqué par le terrorisme isla- miste, on entend certains élus, ou « experts », expliquer que nous avons passé le plus gros du danger avec la chute de Daech à Rakka en 2018. Le retour de milliers de combat- tants n’entamerait pas la sécurité du Vieux Continent! Comme si l’histoire de ces vingt dernières années avait démontré que la fin d’un mouvement terroriste, ou son affaiblissement, par exemple Al-Qaïda, ne laissait place à l’émergence d’aucune structure héritière… De nouvelles filières, et de nouveaux groupes, se reconstituent partout dans le monde. Et comment traiter les combattants ou sympathisants de la cause djihadiste revenus dans nos sociétés? Revenant sur l’historique des mouvements isla- mistes – qui est sa spécialité –, et sur Daech en particulier, liant le capitalisme et la mondialisation à l’évolution de cette idéologie, Sébastien Boussois met en garde contre une dangereuse naïveté. À lire d’urgence.

SORTI LE 5 SEPTEMBRE 2019

PAYS DU GOLFE: LES DESSOUS D’UNE CRISE MONDIALE

Pays du Golfe - Les dessous d'une crise mondiale

 

Depuis l’été 2017, les pays du Golfe sont confrontés à une crise sans précédent : en rompant du jour au lendemain leurs relations diplomatiques avec le Qatar, accusé de soutenir l’Iran et de financer les organisations terroristes, l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Émirats arabes unis et l’Égypte ont fait voler en éclat l’apparente unité au sein du Conseil de coopération du Golfe.
Cette crise, tout d’abord régionale, est rapidement devenue mondiale, car elle implique désormais de nombreux acteurs extérieurs et cristallise de multiples lignes de fractures annonciatrices d’une possible nouvelle guerre froide.
En interrogeant les origines profondes de la crise, ses enjeux pour les pays du Golfe dans un contexte de nécessaire reconversion économique, de guerre au Yémen et de rivalité croissante entre Arabie saoudite et Iran, cet ouvrage souligne l’importance fondamentale d’une stabilité de la zone, non seulement pour le Moyen-Orient, mais aussi pour l’Europe et tout l’Occident.

https://www.armand-colin.com/pays-du-golfe-les-dessous-dune-crise-mondiale-9782200623982

 

 

LETTRE POUR LES JEUNESSES ARABES A PARAITRE

LETTRE POUR LES JEUNESSES ARABES

 

CONCEVOIR UN AVENIR SOLIDAIRE

 

Paris, Bruxelles, Londres, Berlin, Stockholm, Nice, Barcelone, Manchester, Marseille, Trèbes… Le point commun de tous ces attentats, qui ont bouleversé le monde reste qu’ils ont tous été commis sur le sol européen par de jeunes Arabo-musulmans du pourtour méditerranéen, enfants d’immigrés maghrébins nés en Europe ou ressortissants d’Algérie, Maroc ou Tunisie.

Ce terrorisme d’une forme nouvelle résulte de l’enfermement de ses auteurs dans un triple échec face au coeur de la société de consommation occidentale: échec d’une identité arabe positive depuis des siècles, déceptions à l’égard des promesses républicaines d’égalité et enfin échec de la démocratisation des sociétés arabes depuis la fin des colonisations.

Seule la restauration d’une identité méditerranéenne pour tous, et de ses valeurs démocratiques, – liberté, solidarité et fraternité –, permettra de sortir de la spirale de la violence. Seule cette restauration faite de ses différences permettra de refonder une harmonie dans la région du nord et du sud de la Méditerranée.

Les deux auteurs esquissent un projet d’espérance pour des millions de jeunes du nord et du sud, à la culture et l’héritage communs.

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Azouz Begag a la double nationalité française et algérienne. Docteur en Économie, chargé de recherche au CNRS, il est également romancier et a été ministre de la Promotion de l’Égalité des chances de 2005 à 2007.

Docteur en Sciences politiques, chercheur Moyen-Orient relations euro-arabes/terrorisme et radicalisation.

Sébastien Boussois est enseignant en relations internationales et collaborateur scientifique du CECID (Université Libre de Bruxelles) et de l’OMAN (UQAM Montréal).

 

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Format 145X190

144 pages

10€

EAN 9782367601328

sortie nationale le 16 mai 2018

DISPERSION DU DJIHADISME ET BIG BANG IDEOLOGIQUE

Il est toujours étonnant à chaque nouvel attentat tragique survenu en Europe d’entendre certains politiques ou experts persistant à nous expliquer que nous avons passé le plus gros du danger depuis la chute de Daech [groupe État islamique] et que les retours de combattants n’ont pas été si catastrophiques. Chaque attentat survenu en France ou en Occident nous renvoie inévitablement en réalité à nous interroger sur la géopolitique mondiale de l’islamisme et à la puissance de captation d’une idéologie matérialisée sur un territoire disparu, mais qui n’en serait en réalité devenue que plus puissante et universelle.

Aujourd’hui, l’internationale islamiste est nourrie par un véritable « big bang idéologique », une force naturelle difficile à éradiquer : car après l’heure de l’attraction de milliers d’individus vers son centre gravitationnel, c’est l’heure désormais, non pas de sa disparition, mais bien de la dispersion dans le monde entier de l’idéologie de mort.

Ce n’est donc pas uniquement une question de danger représenté par des combattants aguerris de retour de Syrie ou d’Irak, mais bien d’une armée de l’ombre de jeunes dont la vocation pourrait se déclencher pour au moins deux raisons : déception de la courte durée du projet daechiste et conviction qu’un complot, un de plus, est à l’origine de l’effondrement de leur « rêve » de résurrection de l’homme musulman nouveau sur une terre nouvelle.

Sur une armée de près de 80 000 soldats, Daech a attiré en cinq ans entre 20 000 et 30 000 combattants étrangers venus du monde entier, soit en réalité près de 80 pays. Cela signifie que l’idéologie de Daech a non seulement suffisamment infusé pour représenter un corpus idéologique crédible et légitime aux yeux de milliers de jeunes prêts à rejoindre ses rangs, mais cela signifie aussi qu’au-delà de ceux qui ont passé le cap, un grand nombre dont on ignore encore l’ampleur, et pour cause, est en train de se radicaliser progressivement dans une montée des tensions mondiales autour de l’Islam. Les causes qui ont entraîné nombre de jeunes à adhérer à cette idéologie n’ont à ce jour trouvé aucune solution, et ce terreau en veille peut être sollicité à la prochaine fenêtre d’opportunité : répondre à leur mal-être et leur donner un sentiment d’existence. Enfin. Depuis trois ans, tout est investi dans le sécuritaire, mais si peu dans la prévention de la radicalisation en amont, et ce, dès l’école.

Nouvelle ère ?

À chaque attentat, on nous explique que la chute de Daech est le début d’une nouvelle ère. Mais laquelle ? Celle de la paix ? Celle du retour au calme ? Bien au contraire : il y a fort à craindre que ce ne soit qu’un retour provisoire avant la tempête. L’idéologie fermente mondialement et les graines sont en train de germer.

L’attentat de Trèbes, revendiqué probablement de manière opportuniste, l’a été rapidement par une « antenne » cachée de Daech via son agence de presse. Peu importe, car ce qui compte, c’est bien de continuer à terroriser, le temps de la restructuration et de la dissémination des djihadistes sur de nouveaux terrains de combat et d’agitation. Mieux : c’est l’occasion, après une première expérience de califat réussie, puisque matérialisée alors que personne n’y avait cru, de tenter désormais l’expérience ailleurs et de développer ou de renforcer des territoires acquis à la cause depuis l’Asie, comme les Philippines ou l’Indonésie, l’Afrique centrale et de l’Ouest (comme au Nigeria avec le califat de Sokoto), ou les Balkans (où la Bosnie Herzégovine est un territoire sensible où a eu lieu le plus grand génocide de musulmans de l’histoire récente en 1992 à Srebrenica, et qu’il suffirait d’invoquer pour le venger et en faire une cause nouvelle de combat, cette fois-ci au coeur même des frontières terrestres de l’Europe).

La cause djihadiste regarde vers l’avenir, mais n’oublie pas le passé. Il ne faut pas oublier les terres d’origine du djihad, qui n’ont jamais été expurgées définitivement du mal : les FTF (foreign terrorist fighters) sont suffisamment endoctrinés, galvanisés et prêts à aller jusqu’au bout pour ne pas rentrer chez eux pour finir en prison, mais bien au contraire plutôt prêts à se rendre sur des lieux de « ressourcement ». Car le premier Daech fini, le retour aux origines permettra probablement de reprendre de la force idéologique et physique : Afghanistan et Sahel sont de parfaites poches de repli le temps de se refaire.

Territoire mondial virtuel

Le premier Daech serait-il en réalité un premier signe lancé ? Voire un signe divin ? C’est une possibilité : Damas et Bagdad, capitales historiques de vrais grands empires civilisationnels, purifiés de leurs mécréants, n’ont jamais été aussi près de ressusciter. Avec Internet, ce n’est plus un petit territoire régional et localisé qui peut exister temporairement : c’est un gigantesque territoire virtuel mondial qui peut se développer éternellement. Internet est un vrai cimetière vivant.

Autre point de ressourcement qui concourt à maintenir vivante et floue la réalité de l’idéologie daechiste : se redéployer pour le moment selon un modèle plus proche de celui d’al-Qaïda, c’est-à-dire mondial, universaliste et extraterritorial.

L’objet de notre propos n’est pas d’inquiéter outre mesure l’opinion. Il est de penser différemment l’évolution d’un mouvement politique et religieux extrémiste qui n’a rien à voir avec les mouvements d’extrême gauche ou d’extrême droite qui, à un moment ou à un autre, ont fini par s’effondrer. Définitivement ? Jamais. C’est reculer pour mieux sauter. Il en reste toujours quelque chose, malgré les horreurs. Il faut voir désormais plus loin : pour la prévention de la radicalisation qui prend du temps à faire ses preuves, un temps nécessaire, comme pour la prospective autour des enjeux de la géopolitique mondiale des 20 prochaines années. Les analyses courtermistes et rassurantes dans l’instant pour satisfaire l’opinion nous ont déjà coûté assez cher en Occident et ailleurs. Trèbes n’est pas qu’un petit village de l’Aude, dans le sud de la France, au coeur du Vieux Continent. Il est une poussière d’atome au beau milieu de la galaxie globale, mais qui a son importance.

 

https://www.ledevoir.com/opinion/idees/523918/dispersion-du-djihadisme-et-big-bang-ideologique

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La question migratoire, l’enjeu numéro un des relations internationales de ce siècle

Notre espace contemporain poursuit l’œuvre engagée par l’homme depuis des millénaires: couper, casser, rompre, diviser, exclure.

24/02/2018 07:00 CET | Actualisé 24/02/2018 16:42 CET

HANI AMARA / REUTERS
La question migratoire, l’enjeu numéro un des relations internationales de ce siècle.

« La Méditerranée a été une arène, un champ clos où, durant trente siècles, l’Orient et l’Occident se sont livré des batailles. Désormais la Méditerranée doit être comme un vaste forum sur tous les points duquel communieront les peuples jusqu’ici divisés. La Méditerranée va devenir le lit nuptial de l’Orient et de l’Occident. »

Michel Chevalier (1806-1879)

Ce texte extrait d’une série d’articles publiés sous le titre Le Système de la Méditerranée, du saint-simonien Michel Chevalier a été écrit en 1832. Près de deux siècles plus tard, nous n’avons guère malheureusement avancé. Des flots d’hommes malheureux ont quitté leur pays pour rejoindre des terres hostiles qui ne veulent pas vraiment d’eux. La Méditerranée est devenue un cimetière marin, l’Europe un manoir hanté de morts-vivants. D’un côté, paraît-il, l’Orient, de l’autre l’Occident.

La rupture entre les deux mondes avec la Méditerranée en tant que frontière infranchissable ne serait en effet que pur artifice, fournissant à des centaines de milliers d’hommes de simples identités de papier. Il y a sûrement de cela dans une région qui fut toujours en construction et sous tension. Il paraît clair que seule la paix en Méditerranée conduira à la paix universelle, pour reprendre les termes des saint-simoniens. La paix en Orient amènera la paix en Occident, et vice versa.

Notre espace contemporain poursuit l’œuvre engagée par l’homme depuis des millénaires: couper, casser, rompre, diviser, exclure. L’Europe s’est construite dans un système inclusif, ne faisant qu’exclure d’autres populations, les rendant quelque part plus jalouses ou rivales chaque jour. Le monde arabo-musulman est éternellement à la recherche de son unité.

En attendant, ce sont « leurs » réfugiés qui sont dans « notre » Europe. Quelque part, ce sont aussi « nos » réfugiés, car nous portons une responsabilité entière et universelle à la gestation et l’alimentation de tous ces conflits moyen-orientaux. C’est par l’unité, que chacune des parties rejette, que le chemin se tracera vers ce que Kant appelait la paix perpétuelle. Aider ces hommes ici est non seulement une nécessité mais un devoir; les aider par la suite à rentrer dans leurs pays pacifiés aussi. Leurs terres sont pour le moment dévastées comme le fut Troie à l’issue de terribles combats.

À l’instar d’Ulysse, le personnage d’Homère, les millions de réfugiés d’aujourd’hui ne pourront oublier leurs terres d’hier. C’est un déracinement qui n’existe que physiquement. La tête reste ailleurs. Il faut être particulièrement cynique pour brandir l’étendard de la menace de l’immigration, lorsque l’on voit la capacité d’absorption des pays arabo-musulmans, comme si l’Europe était encore aujourd’hui un eldorado économique dont tout le monde rêve! Symbole: la peur migratoire a explosé depuis la crise mondiale de 2008.

Que dire de ceux qui pensent encore que l’on quitte son pays de gaieté de cœur? Et comment ne pas penser à ceux qui restent au pays et n’ont pas eu les moyens ou la force de partir? Le retour s’il survient, sera terrible: il leur faudra reconstruire une vie après avoir tout perdu. Un semblant de mort.

Les relations euro-méditerranéennes sont en plein naufrage. L’Europe est plus économique que politique, mais en comparaison, elle est encore plus politique que sociale. Les accords se signent, les organismes se créent, les partenariats se multiplient mais en réalité, ne devrait-on pas se satisfaire de ce qui existe déjà: le partenariat Euromed, le droit international, la convention européenne des droits de l’homme et… la déclaration des droits de l’homme. Ces quatre textes, s’ils sont respectés par toutes les parties, sont encore les meilleurs garants d’un apaisement de la situation dans la région et du chemin vers la paix. Les États-membres doivent se réengager fermement pour le partenariat Euromed et la Convention européenne des droits de l’homme.

Longtemps, la stabilité dictatoriale a rassuré les Européens. Les pays arabes ont en partie pris leur destin en main, ils doivent aller jusqu’au bout et ne pas se faire confisquer les fruits d’un combat durement mené. Aujourd’hui, faire confiance en la démocratie au Moyen-Orient est une gageure, mais elle sera gage pour les Européens d’une véritable confiance en son propre système politique également. Car faut-il rappeler les propos d’Aristote qui faisait de la démocratie « le moins mauvais des régimes »? L’Europe se radicalise et n’est pas toujours un modèle de démocratie. Loin s’en faut. Il suffit de citer les dérives de la Hongrie avec le gouvernement de Viktor Orban, la montée des nationalismes et extrémismes régionaux depuis quelques années, ou la flambée du Front national en France. L’Europe doit se repenser, privilégier l’intensité et le renforcement à l’élargissement et à la dissolution. Elle doit refondre sa politique de voisinage, et trouver une issue à cette tendance à la schizophrénie: une large partie continuant à regarder vers l’est de l’Europe, une autre vers la Méditerranée. Cette divergence n’est pas incompatible mais parce que ce clivage résulte des divergences du couple franco-allemand, l’Europe doit permettre l’émergence de nouveaux pôles d’influence, d’équilibre et de décision. Il n’est pas illogique que le sort des relations de l’Europe avec la Méditerranée soit pris en main par des pays qui ont au moins enfin une frontière directe avec celle-ci.

Il est urgent de réfléchir à une nouvelle coopération entre le Nord et le Sud, totalement revue et corrigée, pour sortir de la logique du robinet et inscrire cette dynamique d’échange dans un rapport win-win pour les deux parties. Cela sous-tend bien entendu, toujours dans cette quête d’unité pour le Vieux Continent et le monde arabo-musulman, une large réflexion sur le dessein européen en Orient et le dessein oriental en Europe. Les réfugiés qui se répartissent sur le Vieux Continent sont aujourd’hui ce trait d’union. Et la résolution une solution pérenne à ce drame humain en Méditerranée constituerait à coup sûr, si elle réussit, et elle n’a d’autre choix que de réussir, un nouveau laboratoire exportable et « mondialisable » de la dignité humaine. De là sont partis les droits de l’homme et la démocratie. De là leur respect doit se poursuivre. Il n’y a pas de raison que des abîmes de la Mare Nostrum ne naissent pas à nouveau de nouveaux grands idéaux humains.

https://www.huffingtonpost.fr/sebastien-boussois/la-question-migratoire-l-enjeu-numero-des-relations-internationales-du-siecle-a-venir_a_23368168/

 

La Bosnie Herzégovine, une poudrière en puissance

La Bosnie-Herzégovine, une poudrière en puissance (OPINION)

CONTRIBUTION EXTERNE Publié le – Mis à jour le 

OPINIONS

UNE OPINION DE SEBASTIEN BOUSSOIS – Docteur en sciences politiques, chercheur Moyen-Orient et relations euro-arabes. Collaborateur scientifique à l’ULB et à l’UQAM. 
 
 

Un an après avoir déposé sa candidature à l’UE, celle-ci est à examiner. Ecartée, la Bosnie-Herzégovine pourrait en effet devenir un foyer actif de contestation et de radicalisation.

Au nom de sa sécurité, l’Europe à trop regarder son rivage sud, aussi bien sur les questions de radicalisation que la question des réfugiés, a tendance à négliger le cœur de son espace géographique. Ce que l’on pourrait appeler son « heartland ». Ce cœur géographique qui s’il est contrôlé permet la mainmise sur l’ensemble plus vaste dont il fait partie. Les documentaires et les articles de presse écrite se suivent en ce moment et se ressemblent sur le risque que représente un pays comme la Bosnie Herzégovine, poudrière de l’ex-Yougoslavie, musulmane à 95 %. Pourtant, rien n’y fait.

Sarajevo n’est pas une priorité

Alors que la Croatie a intégré le club très convoité des 28, Sarajevo n’est absolument pas une priorité dans la politique de voisinage européenne. Pourquoi est-ce une erreur fondamentale de Bruxelles ? Et pourquoi devrait-on s’inquiéter ?

Premièrement, parce que le conflit qui a déchiré la région dans les années 1990 a vu se confronter des nationalismes très virulents : le rêve de grande Serbie de Belgrade s’est confronté à la résistance croate sur un terrain de guerre bosnien. Sarajevo a vécu le plus long siège de l’histoire, 4 ans, avant la fin du conflit. Entre-temps, il y eut un génocide de musulmans, reconnu comme tel par les Nations unies, et ce à de rares exceptions strictement définies par le droit international, de la population de Srebrenica par les Serbes. Près de 8 000 musulmans seront exterminés sur le champ de bataille en 1995. Les premiers djihadistes européens, au sens de ceux que nous connaissons actuellement, investiront très rapidement la région dans les années 1990, au nom d’une défense de l’islam contre l’orthodoxie serbe et son rêve de Grande Serbie qui remonte à des siècles.

Deuxièmement, la fin de la guerre et les accords de Dayton en 1995 verront la présence de la coalition menée par l’Otan et les Américains s’installer fermement dans la région pour restaurer une part de paix. Mais le symbole même de l’écrasement des musulmans en Bosnie n’a certainement pas disparu et n’a jamais été vengé. Année après année, les Etats-Unis vont se retirer.

Troisièmement, et ce parallèlement, après la fin de la guerre, Arabie saoudite et Pakistan vont investir le pays pour inonder la population de leur idéologie. Lorsque l’on se rend à Sarajevo aujourd’hui, on est immédiatement frappé par le style des mosquées flambant neuves qui n’ont rien à voir avec un style maghrébin ou « européen ». En 2011, on parlait de près de 3 000 islamistes dangereux. Aujourd’hui, les rangs vont se gonfler. L’idéologie salafiste s’est implantée dans la région, sur un terreau fertile d’humiliation et de massacres. Pour autant, aucune mosquée ne semble être sous le contrôle des salafistes. Tout le paradoxe. Il faut rappeler que l’islam des Balkans est plutôt sunnite d’inspiration libérale. Très souples avec les intégrismes, les autorités bosniennes avaient serré la vis après le 11-Septembre. Pour autant, le symbole puissant pourrait l’emporter sur la réalité molle encore à l’heure actuelle. Mais comment feront-ils face à l’arrivée des djihadistes du terrain moyen oriental qui préféreront venir ici plutôt que rentrer en France, en Belgique ou ailleurs ?

Des sites stratégiques

Daech est mort, vive Daech. Les franchises sont déjà nombreuses, depuis l’Afrique de l’Ouest jusqu’à l’Asie du Sud Est. Les djihadistes aiment revenir à leurs premières amours : l’Algérie, l’Afghanistan, l’Irak. Mais également sur des terrains plus neufs : c’est le cas des anciens pays décolonisés aux structures étatiques très faibles comme le Mali, mais aussi de l’Indonésie ou des Philippines. Quid des Balkans ? Beaucoup de jeunes qui ont déserté la Syrie et l’Irak, se retranchent petit à petit sur d’autres sites stratégiques qui peuvent perpétuer la cause djihadiste sur des motifs antioccidentaux. Il faut bien reconnaître que les Balkans sont encore quelque peu sous-exploités idéologiquement et symboliquement. Le génocide de Sreberenica a de quoi être encore largement réexploité pour mobiliser des centaines d’individus, ou déclencher de nouvelles vocations, qui n’auront pu accomplir leur rêve en Syrie. Ce qui est sûr c’est que contrairement à ce que certains pensent, la menace se rapproche de nous. Elle ne s’éloigne certainement pas après l’éphémère Etat islamique. Au contraire, les combattants de Daech ont prouvé qu’un début de renaissance était possible. Il suffit juste de renouveler l’opération tout autour du bassin méditerranéen en démultipliant la menace. La main-d’œuvre locale et désœuvrée en Europe ne manque pas. Rien n’a été réglé à ce stade pour rendre tous les Européens plus égaux entre eux.

Le 15 février 2016, la Bosnie Herzégovine a déposé sa candidature à l’Union européenne. Il vaudrait mieux lui accorder une attention toute particulière. Démographiquement, elle ne pèse rien au regard du vieux continent européen, mais écartée, elle pourrait devenir un foyer actif de contestation et de radicalisation. Le parallèle avec la Turquie serait peut-être trop rapide, mais intégrer la Serbie qui est passée par des phases bien compliquées en termes de violence politique et ne pas intégrer la Bosnie, serait un mauvais signal lancé aux 50 % de musulmans du pays.

DOCTEUR EN SCIENCES POLITIQUES/ CONSULTANT INTERNATIONAL/ INTERNATIONAL CONSULTANT/ RELATIONS EUROMEDITERRANEENNES